Vous songez à réduire les impacts environnementaux de vos produits ou services ? Vous avez entendu parler d’analyse de cycle de vie (ACV) ? Seulement voilà, vous êtes un peu perdu, vous ne savez pas trop comment vous y prendre, par quoi commencer, et qui peut vous aider ?
Dans votre cas, réaliser (ou faire réaliser) un diagnostic éco-conception « quantitatif » peut être un très bon point de départ.
Ce diagnostic consiste en deux phases principales :
- Evaluer les impacts environnementaux de vos produits ou services
- Réduire leurs impacts, en recherchant, et en sélectionnant des solutions d’amélioration
De plus, l’approche « quantitative », basée sur une évaluation en analyse de cycle de vie (ACV), vous permettra de :
- Objectiver vos choix par des données quantifiées pour éviter les fausses bonnes idées
- Maîtriser les transferts d’impacts entre deux solutions potentielles (il y a rarement des solutions qui permettent de gagner à tous les niveaux)
- Se conformer à des méthodes normées et reconnues à international
- Anticiper les règlementations à venir
Voici quelques explications afin de vous aider à comprendre le déroulement global et les étapes qui composent un tel diagnostic :
Étape 1 : choix du produit ou du service à étudier
La première étape consiste à choisir le produit ou le service pour lequel vous souhaitez réaliser un premier diagnostic. Il n’y a pas vraiment de règle générale. Tout dépend de votre stratégie.
Ainsi, vous pouvez très bien décider de commencer par étudier votre best-seller ou un nouveau produit que vous comptez lancer prochainement. Dans tous les cas, il sera judicieux de choisir un cas d’étude qui vous permettra de transversaliser facilement ses enseignements à d’autres produits (ou services) de votre gamme.
Étape 2 : collecte des données et hypothèses
Ensuite, vient l’étape de collecte de données. Si vous faites réaliser le diagnostic par un consultant extérieur, c’est là que vous êtes le plus mis à contribution. Il s’agira de décrire chaque étape du cycle de vie du produit ou du service choisi. Pour vous donner une idée, voici typiquement la liste des données requises dans le cas d’un produit :
- Matières premières : nomenclature, type et quantité de matière (BOM)
- Fabrication : procédés de fabrication ou quantités d’énergies en jeu, pertes matières
- Transport : distances ou lieux de fabrication / stockage… , modes de transport
- Utilisation : consommation d’énergie, d’eau et de consommables
- Fin de vie : taux de ré-emploi, recyclage, incinération et enfouissement
Si c’est la première fois que vous réalisez l’exercice de collecte, il peut être difficile de répertorier l’exhaustivité des données. Pas de panique ! Il est toujours possible de formuler des hypothèses et de s’appuyer sur l’état de l’art, des études similaires, ou des données génériques. Cela vous donnera toujours une première idée de vos impacts significatifs, et cela vous indiquera où il faudra concentrer vos efforts par la suite.
Étape 3 : calcul d’analyse de cycle de vie
De façon générale, la méthodologie d’analyse de cycle de vie est cadrée par les normes ISO 14040 et ISO 14044. De plus, dans certains cas, des documents, appelés « référentiels », précisent le périmètre à prendre en compte, les hypothèses principales à formuler, les données génériques à employer… On pourra citer par exemple les PEF–CR (product environmental footprint – catery rules) établis par la commission européenne dans le cadre du projet d’affichage environnemental.
Le calcul des impacts en tant que tel, fait intervenir deux outils indissociables :
- Un logiciel d’ACV. Ex : SimaPro, Open LCA, Ecodesign studio…
- Une (ou des) base(s) de données. Ex : Base impacts (ou base empreinte) de l’ADEME, Agribalyse, Ecoinvent…
Étape 4 : résultats de l’évaluation initiale
Les résultats obtenus vous permettront d’observer la répartition des impacts par étape de cycle de vie, selon une analyse multicritère.
Les analyses de cycle de vie et l’éco-conception permettent de prendre en compte de nombreux critères parmi lesquels : le changement climatique (émissions de CO2), l’eutrophisation (avec comme conséquence la prolifération d’algues en milieu aquatique), l’acidification, la consommation d’eau et de ressources…
Les critères à considérer sont généralement ceux qui impactent le plus votre filière d’activité, et/ou ceux alignés avec votre politique RSE (ou votre sensibilité personnelle).
Étape 5 : Recherche de pistes d’éco-conception
Ensuite, l’objectif est de rechercher des pistes d’amélioration. Pour ce faire, la « roue de Brezet » est un outil très utile. Elle permet de se concentrer successivement sur chaque étape du cycle de vie, et de réfléchir à des solutions permettant de réduire les impacts associés. Par exemple :
- Réduction des ressources : simplification du design, allègement, optimisation de la structure…
- Matière à faibles impacts : matières recyclées, biosourcées…
- Technique de production : efficacité énergétique, énergies renouvelables…
- Logistique : optimisation des circuits logistiques, réduction du fret aérien…
- …
En pratique cette étape se prête parfaitement à un atelier d’idéation, collectif, qui permet de mobiliser vos équipes internes.
Étape 6 : évaluation des gains environnementaux
Une fois que des solutions sont imaginées, il est nécessaire d’évaluer, pour chacune d’elles, les gains environnementaux associés. Cette évaluation peut reposer, sur une estimation qualitative ou sur une approche quantitative (voir avantages ci-dessus). Réaliser une ACV simplifiée répondra parfaitement à ce dernier cas, dans l’idée d’un compromis idéal, au juste nécessaire de vos enjeux et priorités.
A ce stade, on veillera également à éviter les transfert d’impacts (d’une étape à une autre, ou d’un critère à un autre).
Étape 7 : aide à la décision
On arrive à présent à l’étape la plus stratégique du diagnostic : le choix définitif des solutions qui seront adoptées pour l’éco-conception de votre produit ou service étudié.
Pour ce faire, il faudra compléter l’évaluation des gains environnementaux par un chiffrage QCD (qualité, coût, délai) en première approche. Dès lors, vous pourrez aisément arbitrer en fonction du ratio coût / valeur de chaque solution envisagée.
Étape 8 : ACV n°2
Une fois vos choix faits, la mise à jour de l’ACV pour votre produit ou service éco-conçu, vous permet de faire le bilan des gains effectifs sur les impacts environnementaux.
En complément
Pour aller plus loin, il existe de nombreuses façon de compléter le diagnostic présenté ici.
Par exemple, via des actions de :
- Sensibilisation et formation de vos équipes
- Diagnostic stratégique
- Déploiement d’outils sur-mesure
- Communication environnementale
Sinon, pour toute explication complémentaire sur l’éco-conception et/ou l’analyse de cycle de vie, vous pouvez vous rendre sur le site internet du Pôle éco-conception, centre national de ressources sur le sujet.